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Qui pour défendre les intérêts du continent jeune?

Dernière mise à jour : 25 févr. 2022


🎨Marcelline Oseghale Akpojotor

Qui donc pour défendre nos intérêts sur le continent jeune? Lorsque je dis défendre nos intérêts, je pense d’abord à l’éducation, c’es-à-dire ce qu’on dépose dans nos cerveaux comme des avoirs dans un compte d’épargne.


Voici 18 ans que je vis chez le Blanc. Pile la moitié de ma vie. Et ici, on m’a enseigné que gérer les affaires de son pays, c’est d’abord défendre les intérêts de celui-ci, cultiver son indépendance.


Que telle banque suisse soit éclaboussée dans un scandale de fonds douteux, franchement, entre nous, il n’y a plus rien d’étonnant là dedans. Que la Suisse riposte, l’amertume rendant ses veines saillantes, elle ne fait que défendre sa place financière. Même les plus gauchos du coin, sur ce point-là, sont d’accord. À l’unisson, ils crient au complot fomenté par tel ou tel autre pays pour noircir la place financière suisse. À l’unisson, même à l’extrême de la gauche, on fait bloc pour défendre l’indéfendable.


Quels intérêts du continent doit-on encore défendre ? Je ne parle (même) des matières premières; elles ne sont pas infinies. L’or finit. Le pétrole aussi peut finir. Diamant, bois, coltan, etc. Rien de tout cela n’est infini. On ne peut pas défendre ce qu’on a pas, ce qu’on a plus. Notre sous-sol ne nous appartient plus. Depuis longtemps.




Quels intérêts du continent doit-on encore défendre ? Les biens culturels? Je ris jaune, l’âme en peine. Car là encore, on ne peut pas défendre ce qui ne nous appartient plus depuis bien longtemps. Et qui c’est qui prétend nous défendre? Regardez le profil de vos chefs de bataille, leurs antécédents. C’est crucial lorsqu’on veut entrer en négociation pour défendre les intérêts de son pays.


N’avez-vous pas entendu dire, là-bas, ailleurs, que le patrimoine culturel d’un pays est inaliénable?


Quels sont les intérêts du continent jeune? Ce sont précisément ses jeunes. c’est parce que le continent est jeune qu’il a moins souffert de la crise sanitaire que nous venons de traverser ici, sur le continent vieux. Trop vieux.


Seulement pour la Suisse où je vis, 8 millions d’habitants, un peu plus de 13 milles morts. Au Bénin, 12 millions d’habitants, même pas 200 morts.

Je comprends que l’on crie au remplacement de ceux-ci par ceux-là. Ici, on n’accouche pas. J’ai 36 ans et même pas l’arrière-pensée de me reproduire. Là-bas, j’en reviens, à mon âge, ce sont de belles familles. Une main-d’oeuvre dont on aura besoin ici, pour nous autres vieux qui ne pensons qu’en termes de croissance.


Jamais le ndolè ne deviendra la fondue même si vous le laissez dans un caquelon, des hivers entiers, au sommet du Cervin. Mais on peut manger du ndolè avec des fourchettes à fondue. Faudra faire avec ces flux de populations qui n’ont personne pour défendre leurs intérêts.


Qui donc pour défendre nos intérêts sur le continent jeune? Certains, sur le continent trop jeune, ont trouvé bon d’instrumentaliser la pandémie à des fins politiques. Comme c’est moche! Couvre-feu ici, confinement raté là-bas, tirs à balles réelles de l’autre côté. Est-ce donc ainsi qu’on lutte contre un virus? À balles réelles?


Lorsque je dis défendre nos intérêts, je parle avant tout d’éducation. Mieux, d’instruction. Instruire, ce n’est pas fabriquer des chèques sans provision; on a des diplômes mais rien dans la tête. Instruire, ce n’est pas ériger le mensonge en bâton de commandement. Non. Instruire c’est donner de la connaissance. La connaissance c’est la lumière. Le continent jeune périt par manque de lumière. Pourtant ce n’est pas le soleil qui manque. Les délestages frappent jusqu’à nos cerveaux. Quels imaginaires forger dans le noir des récents coups d’État?




Instruire c’est enseigner son histoire. La transmettre. On transmet l’histoire et pas la haine. C’est ainsi qu’on évite les guerres à répétition.

Instruire c’est enseigner à lire, à écrire, b.a.-ba, à compter, 1+1=2, 1-1=0. Instruire c’est donner les moyens à chacun de comprendre, les plantes, les animaux, l’esprit, le luxe de l’esprit et pas seulement du matériel.


Instruire c’est forger peu à peu, en chacun et chacune, la capacité à penser par soi-même, développer son esprit critique, savoir coller, morceau par morceau, les faits à la lumière de l’histoire.

Instruire, c’est éviter le spectacle malheureux que nos dirigeants nous donnent à voir au Sahel. N’avons-nous pas assez d’être le terrain d’expression des guerres qui ne nous concernent pas? Parce que, Oui instruire, c’est aussi ça, c’est savoir ce qui est bien pour notre continent si jeune, savoir défendre nos intérêts, nos têtes, nos jeunes.

Savez-vous, oh vous autres gens du continent jeune, à combien s’élève votre dette par tête à votre naissance? À ce propos, que nul tram, nul métro ou tous ces gadgets ne vous égare point. Demandez les comptes. Demandez qui va passer à la caisse. Parce que c’est nous, c’est vous qui payerez lourd le chantage au développement.


Le vrai problème du continent trop jeune, est qu’il manque d’instruction. Qui pour défendre nos intérêts?


Personne pour défendre nos intérêts.

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